« J’ai constaté qu’avec les formulations de l’appât alimentaire local, j’ai eu beaucoup plus de mangues qu’avec l’appât alimentaire commercialisé donc j’ai eu beaucoup plus d’argent avec l’emploi de celles-ci. ». Ce témoignage, c’est celui d’un propriétaire de vergers de la commune rurale de Moussodougou dans le Sud-ouest du pays. Il a été recueilli dans le cadre de l’étude scientifique « Performance technico-économique de l’appât alimentaire local à base des déchets de levure de lutte contre les mouches des fruits du manguier au Burkina Faso », publiée ce mois de juin dans l’African Scientific Journal.
Ses auteurs ont documenté l’efficacité d’un nouveau moyen de lutte biologique contre les mouches du fruit. Et leurs résultats sont sans appel ! Développée par l’INERA et soutenue par le CEAS, cette solution se base d’une part sur l’attrait des mouches du fruit pour la levure de bière, et d’autre part, sur l’effet insecticide des graines de jatropha, une plante vivace cultivée sur place. Effectués sur 3 vergers de 7 hectares, les tests ont montré une efficacité allant de 78% à 85%. Mieux encore, la solution s’est révélée meilleure que d’autres solutions, non compatibles avec la culture biologique.
Meilleure pour le porte-monnaie aussi
Les auteurs de l’étude ont comparé cette solution avec la principale substance commercialisée sur place, le « success appât ». Selon eux, chaque franc investi par un.e producteur.trice dans la solution développée dans le cadre du projet rapporte 1.6 franc, bien mieux qu’avec le success appât. Cette donnée est capitale dans la recherche de solutions contre les mouches du fruit car c’est bien le coût des intrants qui retient souvent les productrices.teurs à consentir à cet investissement. La plupart d’entre eux sont en effet des petits producteurs avec de très faibles moyens.
Avec près de 64'000 emplois directs et indirects concernés, on mesure ainsi le potentiel que revêt ce projet démarré en 2021. Depuis cet été, le CEAS s’est lancé dans la seconde phase de ce projet qui consiste à élargir les surfaces de tests et à encourager la création d’une start-up pour la production de cet appât biologique. Il s’agira également d’entreprendre un travail de promotion auprès des autorités et des producteurs.trices, à travers leur interprofession notamment. La route est encore longue mais avec de tels résultats, le CEAS et l’INERA sont confiants que cette nouvelle solution de lutte biologique puisse s’imposer dans le pays et au-delà.
Appel aux dons
Aidez-nous à améliorer les conditions de vie de milliers de producteurs de mangue. Sans protection, les pertes de récoltes liées aux attaques de mouches des fruits peuvent atteindre jusqu’à 80% de la production. Un don de 50.- suffit à la création de 6 litres d’appâts et permettrait de protéger le verger d’un petit producteur pendant 3 mois.
Soutenons ensemble ce type de projets !