Face au problème de pauvreté et insécurité alimentaire chronique des producteurs et transformateurs de fruits, légumes et épices, un besoin de développer des sources de revenus alternatifs pour les produits agricoles, tout en mitigeant les risques d’augmenter l’impact écologique de l’activité humaine à Madagascar a été identifié. L’objectif principal du projet VMM est de contribuer au développement de filières (fruits, légumes et épices) plus durables et équitables par la transformation locale des produits des UPS qui ont déjà bénéficié d’un appui du CEAS ainsi que pour les nouvelles UPS identifiées.
Dans cette nouvelle phase du projet, il s’agit de consolider sur les acquis du passé et de pérenniser les appuis déjà mis en place,. Les appuis développés pour les activités de séchage seront adaptés à chaque UPS en fonction de leur situation et des capacités propres, tout en s’appuyant sur le réseau VMM.
Aujourd’hui, l’impact de ces échanges est tout à fait remarquable. Des artisans de la Grande-île sont à même de fabriquer les outils et infrastructures nécessaires au séchage des fruits et légumes. De leur côté, des dizaines de sécheuses et sécheurs tirent un revenu de cette activité, sans parler des paysannes et paysans qui les approvisionnent en matières premières.
Suzanne Ravaoarisoa est l’une des partenaires de ce projet. Cette productrice de fruits de la région d’Antsirabe connaissait des pertes qui atteignaient parfois les 40%. Afin de les éviter, elle s’est lancée dans le séchage. « La formation que j’ai suivie avec le CEAS m’a complètement changé la vie ! J’ai appris à sécher : quels fruits, combien de temps, comment les conditionner et quelles conditions d’hygiène respecter. Depuis, j’ai zéro perte, mon chiffre d’affaires a augmenté de 60% et j’ai embauché neuf personnes . Je peux dire que d’artisane, je suis passée à professionnelle. »
Depuis trois ans, le CEAS accompagne, par ailleurs, ces petites entreprises dans leur structuration au sein d’un réseau commercial appelé VMM. « Faire partie du réseau VMM nous a apporté beaucoup de bénéfices », commente Stannie Rameliarison. A 26 ans, cette jeune entrepreneuse a déjà créé sa propre Sàrl et compte beaucoup sur les collaborations entre les membres.
« L’an dernier, nos clients voulaient une quantité importante de pommes et de poires séchées. Comme nous n’avions pas la capacité de production nécessaire, nous nous sommes tournés vers l’un des membres du réseau. C’est ce partenaire qui a séché une partie des fruits, nous permettant de sécuriser ce marché. » Autre avantage, les achats se font de manière groupée. « Nous, les petites unités de production, nous ne pouvions pas bénéficier de tarifs avantageux de la part de nos fournisseurs. Aujourd’hui, au lieu d’acheter tout seul et de payer plus cher, on achète ensemble et on paye beaucoup moins cher. En plus, le réseau nous a poussé à améliorer la qualité de nos produits. Nous travaillons pour avoir une qualité uniforme, afin que, si l’on décroche une grosse commande, tout le monde puisse fournir sa part ».
A l’image de ces deux cheffes d’entreprises, 127 personnes, dont 77 femmes travaillent dans l’une des 13 entreprises membres du réseau VMM. Malgré la crise du coronavirus, leur chiffre d’affaires à augmenter de 400% entre 2019 et 2020. Lorsqu’on ajoute à cela les 356 producteurs de fruits bio qui les fournissent, on mesure l’impact qu’a aujourd’hui ce projet.